23 April 2009

Une chance sur...

Photo de Roy Berman

Le hasard joue des tours auxquels il est parfois bon de se laisser prendre... Il y a deux mois, à un dîner d'amis, alors que je bavarde avec mon voisin de table, nous nous rendons compte mutuellement que nous habitons sur les deux flancs opposés de la même montagne; en guise de plaisanterie, nous nous proposons de nous retrouver un jour au milieu de cette montagne.

Il y a deux semaines, alors que je me remettais d'un week-end agité par une marche revigorante dans la montagne derrière chez moi, je rencontre précisèment ce même français à l'endroit que nous nous étions dit et sans nous concerter. En même temps, un ami espagnol rencontré à Taipei mais habitant maintenant à Barcelone rencontre dans une fête mon frère en goguette hors de France pour quelques jours... Je ne peux que reprendre le message de mon pote: "le monde est un mouchoir" (el mundo es un panuelo).

En fait les statisticiens et faiseurs de probabilités disent que ces rencontres "improbables" sont de simples coïncidences dûes aux lois des "très grands nombres". Ainsi par exemple, il y a de fortes chances qu'un inconnu rencontré lors d'un voyage connaisse aussi une personne qui vous est familière. Comment cela est-il possible? Mettons que deux personnes lambda connaissent 1000 personnes chacune, sur une population de 50 millions d'habitants, elles ont 1 chance sur 50000 de se connaître; les probabilités augmentent encore davantage qu'elles aient un ami commun (1 sur 50) et il ya 99 chances sur 100 qu'elles soient reliées par une chaîne de deux personnes.

Cependant, ces réponses mathématiques peuvent paraître décevantes au vu de la complexité du réel. Finalement, la manière dont nous interprétons et vivons ces événements a priori fortuits, n'est-elle pas plus intéressante? Faire preuve de scepticisme ne serait une démarche constructive que si nous faisons appel à toutes nos facultés d'analyse...Il en est de même des statistiques dont l'actualité nous abreuve, "privilégier l'usage des chiffres et des statistiques nous rend plus sensibles à la quantité qu'à la qualité" dit Benoît Vermander dans son article (Figures and Reality), "Les statistiques nous font oublier de nous interroger sur la raison des choses".

Ainsi, si nous revenons au cas des corrélations arbitraires, ce n'est peut-être pas le caractère fortuit de la rencontre qui importe, mais les suites de cette rencontre et la manière dont cela influera, ou non, sur ma vie.

 
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