21 February 2007

Année du cochon, année du développement durable !


Lorsqu’ils sont petits, tous les animaux sont mignons. Le petit tigre comme le petit lapin, le petit cochon comme le petit dragon (si quelqu’un a déjà vu un petit dragon)… Plus grands, il faut avouer que certains animaux nous apparaissent plus spontanément attirants que d’autres. Le tigre gagne en majesté, le cheval en élégance, le lapin en vivacité… Le cochon gagne surtout en poids. Quand j’étais enfant en France, dans ma culture comme dans celle de nombreux pays, le cochon était toujours associé à des comparaisons peu flatteuses : « ne mange pas comme un cochon »... « avoir un caractère de cochon »… « sale comme un cochon »… « être gras comme un cochon »…. Le cochon était associé à des plaisanteries d’un goût douteux. On parlait de cochons si gras, dont la peau était tellement bien tendue que lorsqu’ils fermaient les yeux ils émettaient automatiquement un pet...

Et pourtant, toutes les cultures qui apprécient la viande de cochon apprécient aussi les grandes qualités pratiques de l’animal : voilà une bête qui ne gaspille rien, qui recycle tous nos déchets, et qui donne ainsi généreusement une viande bien nourrissante tandis que les hommes ne se montrent guère généreux avec lui. Le cochon devient le symbole de l’épargne, du capital qui fructifie naturellement : dès l’enfance nous sommes habitués à mettre nos économies dans des tirelires en forme de porcelets… Le cochon n’est peut-être pas très aimable, mais il est utile, il fait tout fructifier, il est la sauvegarde des gens pauvres, de tous ceux qui ont besoin de ne gaspiller aucune de leurs maigres ressources.

Peut-être au fond le cochon nous incite-t-il à l’humilité, à regarder différemment les vertus dont nous avons aujourd’hui le plus besoin. A l’heure où Taiwan rencontre tant de difficultés, où nous cherchons tous quel est le modèle économique et social qui assurera notre avenir, le cochon n’a-t-il pas beaucoup à nous apprendre ? Le cochon est peut-être le symbole même du développement durable auquel nous aspirons. Il consomme moins de ressources qu’il n’en produit. Il ne gâche rien, il recycle tout, il nous incite à l’épargne…. Les « tigres » et les « dragons » économiques ne conviennent plus à notre époque : nous craignons désormais les effets pervers de la consommation ostentatoire, les gaspillages d’énergie, la croissance effrénée, nous voulons une croissance plus adaptée à la limitation de nos ressources, une croissance qui assure l’avenir des générations qui viennent après nous. De ce point de vue, la modestie des trois petits cochons qui bâtissent leur maison et y prennent refuge s’avère bien plus sage que la frénésie du grand méchant loup qui veut croître et grandir en détruisant et dévorant tout sur son passage ! En fin de compte, le modèle de croissance prédatrice incarné par le grand méchant loup n’est pas « soutenable », et le développement symbolisé par les trois petits cochons, est plus durable parce que plus modeste et plus solidaire…

L’avenir de Taiwan dépend de sa capacité à devenir un modèle de développement durable. Dans les années soixante et soixante-dix, Taiwan a donné l’exemple d’un décollage économique réussi. Dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix , il a donné l’exemple de la démocratisation en monde chinois et en Extrême-Orient. Il lui revient désormais de créer le modèle d’un développement durable asiatique, qui prenne en compte les dangers induits par le réchauffement climatique ou par la limitation des ressources énergétiques. Nous rappelant l’exemple donné par l’unité des trois petits cochons face au danger apporté par le grand méchant loup, nous nous rappelons aussi qu’il n’y a pas de développement durable sans société solidaire. Oui, vraiment, l’année du cochon est une excellente occasion pour méditer les vertus et la stratégie qui doivent être les nôtres aujourd’hui !

(Texte de Benoît Vermander, rédacteur en chef de eRenlai)

 
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