9 March 2007

Mon père a dit....


Enfant, j’aimais me glisser auprès des adultes et écouter leurs conversations. Cela me fascinait, la manière dont certains s’emportaient ou s’exprimaient sur des sujets dont je ne comprenais pas vraiment l’ampleur mais qui me paraissaient tout de même importants car discutés par des adultes. Je me souviens aussi que je prenais tout pour comptant : lorsque l’on est enfant, la vérité sort de la bouche des grands…

Plus tard, j’ai fait moi-même l’expérience de ces conversations à bâtons rompus, où l’on parle de tout et de rien, où l’on développe aussi l’art de parler pour ne rien dire et de parler de ce que l’on ne sait pas (notamment des livres que l’on n’a pas lus1).

Je veux parler ici d’une phrase que j’ai entendue dans la bouche de mon père et qui m’a considérablement marquée car elle me revient parfois à l’esprit. Récemment, nous discutions entre amis des effets du développement économique en Chine et dans le monde : notre point de départ étaient les flashs animations de Sabrina sur l’air, l’eau et les forêts en Chine ainsi qu’un article publié sur Spiegel Online (China's Poison for the Planet 2 Février 2007). Soudain, je me suis souvenue d’avoir entendu un jour mon père dire : « En fait, Mao était un écolo, il a retardé de trente ans le développement économique de la Chine et donc aussi la pollution planétaire que cela engendre… »

Outre le cynisme et le mauvais goût de la plaisanterie, le point de vue reflète aussi l’opinion assez partagée que le développement économique s’accompagne forcément du saccage de la nature (cela ne va sûrement pas rehausser l’éclat de ces propos, mais je me dois d’ajouter que mon père est toujours sobre, c’est d’ailleurs le seul pilier de bar que je connaisse à ne commander que du coca ou du sarsi –le coca chinois-). Depuis l’époque de cette phrase, les mentalités ont changé, les gouvernements aussi. Tout du moins dans les pays qui se sont développés plus tôt. Néanmoins, l’idée d’un développement durable essentiel et non pas seulement accessoire doit continuer à faire son chemin, aussi bien au niveau individuel qu’au niveau national et mondial.

Suggestions du Jour
Climate Change: a Call for World Governance et China's Environmental Challenge
par
Benoit Vermander.

1A ce propos, un psychanalyste, Pierre Bayard, a sorti un livre Comment parler des livres que l’on n’a pas lus, mais je ne peux pas en dire plus…car je ne l’ai pas lu !


 
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